L'équilibre avait été maintenu. Et grâce à qui, au moment où tous s'amusaient à l'avance de leurs orgiaques et malsaines fêtes de faim et de fin d'année?
Grâce au plus étonnant, au plus inconcevable et aussi au plus furtif qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Il ne s'appelait pas Diego, ni Max, sa liberté à lui, c'était son coeur, pas sa tête.
Il avait débarqué dans ma vie un carton de pizza à la main.
La carrure plutôt râblée, les yeux rieurs malgré une vie pas si rose, le look métalleux en politique vestimentaire, et sa gentillesse en bandouillière.
Entre galant et bon enfant, il avait su faire "comme chez lui". Comme chez moi, aussi.
Il maintenait avec moi le lien que j'avais perdu.
Il savait donner, de sa personne, sans rien exiger. Juste rester, envahir les lieux avec un sourire qui n'avait rien de faussement gentil ni de carnassier.
P'tit père... père de famille qui aurait voulu un monde plus beau.
Attends... Attends-moi dans tes attendrissements. Tu m'avais comprise, sans rejeter sur moi tes faux espoirs. On avait tant discuté, ce soir-là, autant de nos emmerdes que de nos envies barges, nos élans musicaux, nos espoirs d'anciens adolescents, on avait fait connaissance...
Sur fonds musicaux, cette nuit dans le chantier de mes 20 mètres carrés, c'était moi allongée, toi assis, tes doigts d'ouvrier qui m'étonnaient de leur délicatesse de toucher.
Etrange, échange.
Cette phrase que j'avais écrite, et qui résonne encore dans ma tête... "Quoiqu'il arrive entre nous, tu es quelqu'un que j'aimerai "suivre", savoir où tu en es, si tu vas bien, avoir un lien". Sincère j'étais, et inséré (dans mes pensées) tu es.
Et je m'aperçois, que c'est toi, en fait, qui m'a "suivie".
Mes désarrois, tu les as absorbés. Tu t'en es excusé, pour tous les autres. Tous les autres. Tu avais fait ta réapparition, quand tu me savais border-line. Je ne te l'avais jamais dit, t'avais juste suivi la ligne du blog. Et t'avais vu le bug, t'avais lu le frog.
Combien de fois penserai-je à toi, à cette fois où je t'ai dit "j't'aime bien, ça me fait peur". Pas parce qu'il y avait cette restriction, "bien", que je n'avais mise que pour la forme, pour atténuer quelque propos qui aurait pu être mal interprété.
Parce qu'il y avait "je t'aime", ça, ça me faisait peur. Pas d'aimer, juste de tomber, encore.
Et t'es parti. Tu m'as épargnée. De tes affres, de mes affres. Tu t'es fait oublier.
Bref. T'étais là, à veiller, t'avais l'absence "bien-veillante".
Grâce à cette demie-liberté, celle qui unit les coeurs d'ors, tu avais maintenu mon fragile et-qui-libre.
Jongleurs d'émois, toi, et moi. Dans le grand cirque de la vie.
Ami-amant, épaule sensible pour mes pôles sensibles, tes états d'âges en déballage et nos écoutes mutuelles, m'étaient chaleur dans le froid de l'appartement. Pas d'appartenance, entre toi et moi. Nous étions deux, jamais un seul. Pas de fusion, un échange.
J'ai envie parfois de te retrouver encore, juste te dire que "je vais bien" et savoir ce qu'il en est pour toi. Pour cet aiguillon dont tu m'avais, aussi, envoyé la photo. Ce petit "toi", dont mon petit doigt me dit qu'il t'aura sorti d'une mauvaise passe.