Bribes de vie, posées çà et là.
Des bribes, en kaléidoscope, comme des bris de verres, vitraux colorés en clair-obscur, images mal découpées et réalité faussée.
Des brisures aux arêtes acérées, qui font saigner chaque fois qu'on les frôle, et assombrissent toujours un peu plus la teinte des morceaux vitrés prêts à éventrer.
Débris, le sentiment quand la réalité me rappelle qu'il existe, et que pour lui je n'étais que sa roue de secours, ma seule puissance: celle qu'il avait à puiser pour régénérer sa vie légitime.
Comme certains de mes amis, j'ai envie de briser le miroir qui me renvoie cette image de moi, celle d'un trop pâle reflet pour obtenir la consistance entière d'un individu.
C'est la fenêtre transparente de mon appartement que je regarde dans ces moments-là. Et surtout la vue qu'elle propose. Celle des pavés, quatre étages plus bas. Le coup sûr.
Je suis déjà morte à ses yeux, pourquoi ne pas donner entière satisfaction. Certaines ou certains me croient vivante, mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que je ne vis que de loin en loin. Je suis partie très loin. Pas besoin de coma, pas besoin de produits stupéfiants. Juste le pouvoir du cerveau et celui des sentiments. Ils m'ont tuée. Réellement. Seuls les mots vivent encore, juste pour hurler la souffrance de cette mort d'âme. Mort d'âme due à mort d'homme, mort-vivant, zombie qui se veut tel dans ma vie.
Il ne me veut pas vivante. Je lui suis un meilleur souvenir dans les bras de sa femme, qu'une véritable âme soeur, s'il doit se passer de celle avec laquelle il aime entretenir une relation d'interdépendance, tant que chacun couche ailleurs.
Vous savez le pire? Il a appelé ça de l'amour envers moi...