Le long d'un chemin bordé de racines dépassant de terre, comme des crochets facétieux prêts à vous tendre un piège, afin de faire marrer les arbres du spectacles de votre mine déconfite au moment de la chute.
Une rivière, chuchotante, qui glousse de sa voix aphrodisiaque des promesses de pureté et de fraîcheur.
Des oiseaux, qui surprennent de leurs cris les oreilles tendues au bruit de la nature que l'être humain tente tellement de gâcher.
Des feuilles, qui bruissent et s'agitent comme pour un au-revoir narquois.
Et deux pieds. Deux grosses masses pataudes, appartenant à l'animal appelé homme. Qui écrase tout de ses pas lourdingues, étonné de ce charmant spectacle dont il s'est tant éloigné au fil du temps.
Au fil du temps, lorsque l'on suit le fil de l'eau, quelle ironie.
Border-line, encore. Pour suivre un mouvement d'eau, comme une vie que l'on regarde évoluer, comme un film que l'on regarde s'écouler.
Et, toujours, quel que soit le cours d'eau que l'on suit, une autre rive, qui est plus ou moins difficile à atteindre. Souvent éloignée, d'ailleurs. Parfois, inaccessible, infranchissable, à moins de trouver une construction nommée pont.
Cette autre rive, que l'on regarde, les yeux rêvant du mystère qu'elle renferme.
Des ricochets dans sa direction, parfois, pour taquiner, comme pour attirer le regard si par hasard, la vie y habite.
Des rêves, aussi. Des peurs? Oui, si les bruits qui se répercutent d'un bord à l'autre paraissent incongrus.
Des nages, parfois, si l'on se sent le coeur assez vaillant pour cela.
Des douches froides, après être tombé dans le bain.
Des douches écossaises, qui font frissonner.
Des flottements.
Et, à l'instar d'un fleuve, on ne remonte jamais le cours...