S'endormir après des élans sentimentaux, s'endormir auprès d'un élan sentimental, les deux ne sont pas forcément incompatibles.
Cet élan-là ne portait pas de bois au sommet de son crâne, mais ses coups de museau étaient doux, et sa présence, bien que dépourvue de poils, était chaleureuse.
Il avait la particularité d'être à la fois sauvage et tendre, dans l'intimité d'un lieu confiné.
Je ne sais pas si les élans et les tigresses font bon ménage.
Il semblerait que cette nuit, comme d'autres nuits d'ailleurs, ils aient pu réussir à se débarrasser de leurs natures de prédateurs et de proies, pour s'apporter tout l'amour animal et instinctif qu'il est possible d'avoir quand les regards convergent l'un vers l'autre.
La tigresse était domptée, l'élan était lancé.
C'était de bon aloi. C'était une bonne loi aussi, d'inverser celle de la jungle.
Observés en coin par un félin miniature et interrogatif, ils se rapprochaient de plus en plus, et, l'émoi n'allait pas de loin en loin. Tout était long, tout était bon.
Entre deux indolences, la tigresse s'agitait dans le lit qui hébergeait cet animal étrange, compagnon du futur et source de tristesse de son passé.
Entre deux sauts de cabri, l'élan se posait sagement, et cessait de lutter contre les frimas de ses hivers passés.
C'était deux animaux, aussi rares que sauvages, qui avaient trouvé, dans leurs différences, leur complémentarité.
J'ai dormi avec des élans... du coeur.